La Confédération paysanne, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), le syndicat des Jeunes agriculteurs et la Fédération nationale ovine (FNO) ont appelé le 5 mars les ministres de l'Agriculture et de l'Ecologie à "changer le statut d'espèce protégée des loups".
"Les éleveurs sont à bout car si rien ne change ils se savent condamnés. Il y a donc urgence à modifier le statut de l'espèce dans la convention de Berne et la Directive (européenne) Habitats pour sortir de l'impasse d'une cohabitation impossible entre loups et pastoralisme", ont déclaré les syndicats agricoles dans un communiqué commun.
Cet appel fait suite à un rapport d'information du Sénat, présenté le 4 mars, qui demande de rétrograder le loup dans l'annexe 3 de la Convention de Berne, au titre d'"espèce protégée simple" alors qu'il est actuellement classé comme espèce "strictement protégée", en réponse à "l'augmentation des attaques de loups" et "à la désespérance des éleveurs" des zones montagneuses. "Au nom de la Convention de Berne, on ne peut plus rien faire. Lorsque le préfet prend une décision, les associations (de défense du loup) demandent au tribunal administratif de casser l'arrêté au nom de la Convention. Si le loup est classé en catégorie animal protégé simple, on ne pourra plus aller devant le tribunal administratif", a expliqué à l'AFP la sénatrice Hélène Masson-Maret (UMP-Alpes-Maritimes), co-auteure du rapport.
Dans le cadre du Plan national Loup, le rapport plaide également pour "une vraie régulation" du prédateur via la reconnaissance de la possibilité "de tirs de défense plus systématiques" ou l'ouverture "des prélèvements en période d'hiver". Un avis plébiscité par les syndicats agricoles qui jugent le Plan Loup inefficace. Dans le cadre du plan, le plafond de 24 prélèvements pour la saison 2013-2014 "était déjà insuffisant pour enrayer l'explosion démographique et géographique des loups en France", estiment les syndicats. "Seuls sept loups ont finalement pu être prélevés sur les 71 autorisations pourtant délivrées en 2013. En plus d'être la plupart du temps impossibles à réaliser, ces prélèvements sont sans cesse attaqués juridiquement. Aussi, malgré la mise en place de moyens de protection, plus de 6.000 bêtes sont encore tuées chaque année", ajoutent-ils.
Les agriculteurs estiment que l'Etat "est dépassé par la situation". Ils demandent "une réunion de crise" avec les ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture pour faire modifier les textes européens et internationaux.
En novembre 2012, le Comité permanent de la Convention de Berne avait rejeté la demande de la Suisse qui souhaitait rétrograder le statut de protection du loup. L'UE s'était aussi prononcée contre la demande helvétique.