Comme l'a répété plusieurs fois son président Pierre Franck Chevet depuis sa nomination, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) interpelle, dans sa contribution au débat national sur la transition énergétique (1) , publiée le 16 mai, sur la nécessité de disposer de marges de manœuvre suffisantes dans le système électrique français pour pallier à un éventuel déficit de production nucléaire, et anticiper la fermeture définitive des réacteurs les plus anciens.
La standardisation du parc nucléaire français est un atout, mais aussi une faiblesse, indique l'ASN : "L'expérience a montré que la standardisation comporte aussi le risque qu'un défaut grave, que l'on ne peut exclure a priori, soit générique et affecte plusieurs réacteurs. Dans une telle situation, l'ASN pourrait juger nécessaire, au regard des exigences de sûreté, de suspendre sans délai le fonctionnement de ces réacteurs. L'arrêt rapide d'une part significative des moyens de production électrique provoquerait, en l'absence de marges, une pénurie d'électricité avec des conséquences sociales et économiques considérables".
L'ASN souligne également la nécessité d'anticiper les premières fermetures de réacteurs nucléaires. La plupart des réacteurs français ont été mis en service dans les années 80, pour une durée de fonctionnement minimale de 40 ans. "Si les considérations de sûreté n'ont jusque-là pas conduit à prescrire d'échéance pour l'arrêt définitif des réacteurs nucléaires actuellement en exploitation, la possibilité de les maintenir en fonctionnement au-delà de 40 ans n'est pas aujourd'hui acquise", insiste l'ASN. S'il n'est pas possible de prévoir les calendriers de fermeture, l'ASN estime qu'il est "plausible, du fait du calendrier resserré des mises en service initiales, que les arrêts définitifs des différents réacteurs soient relativement concentrés dans le temps".
Prenant en compte les délais de construction de nouveaux modes de production électrique et de leur raccordement au réseau, l'ASN estime, qu' "en ordre de grandeur, le délai d'ici à l'arrêt définitif des premiers réacteurs pourrait être comparable au délai nécessaire au déploiement des mesures de compensation associées. Des décisions appropriées de politique énergétique doivent donc être prises à court terme".