L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la Direction générale de la santé (DGS) et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) rendent publique une étude (1) qui devrait particulièrement intéresser les consommateurs d'eaux minérales et d'eaux de source en bouteilles. L'IRSN a en effet analysé la qualité radiologique de 142 eaux conditionnées : 75 eaux de source et 67 eaux minérales naturelles.
Cette étude menée en 2012 dresse une image instantanée des caractéristiques radiologiques des eaux produites en France à la date de l'analyse des échantillons. Ces travaux viennent compléter deux bilans, réalisés en 2005-2007 et 2008-2009, portant sur la qualité radiologique des eaux du robinet et qui montraient des résultats satisfaisants. L'étude s'inscrit dans un contexte de révision des normes des eaux destinées à la consommation humaine, rappelle par ailleurs ses auteurs.
Le risque pour le consommateur considéré comme très faible
"La qualité radiologique des eaux conditionnées en France est globalement satisfaisante", conclut l'IRSN de son enquête. "L'exposition aux rayonnements ionisants apportée par la consommation de ces eaux, du fait de la radioactivité naturelle, est très faible. Le risque pour le consommateur, s'il existe, peut également être considéré comme très faible, si l'on considère les références internationales (OMS)".
Toutes les eaux analysées présentent des quantités de tritium et un indicateur d'activité beta globale (2) inférieurs aux références prévues par la réglementation française pour les eaux destinées à la consommation humaine. Les quantités d'uranium sont également inférieures à la valeur guide provisoire de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "Ni la réglementation européenne, ni la réglementation française ne prévoient d'exigence de qualité pour le paramètre uranium", rappelle toutefois l'IRSN.
Quant au radon, il a été détecté une seule fois (Quercynoise) parmi les six eaux analysées. Mais avec une valeur très inférieure à la valeur fixée par la directive européenne relative aux eaux destinées à la consommation humaine, rassure l'Institut.
L'indicateur d'activité alpha globale de 34 eaux dépasse la valeur guide
Le souci vient plutôt des 34 eaux (20 minérales et 14 de source) dont l'indicateur d'activité alpha (3) globale dépasse la valeur guide de 0,1 Bq/l prévue par la réglementation nationale.
Parmi celles-ci, six eaux minérales naturelles (L'Incomparable, Châteldon, Nessel, Puits-St-Georges, Parot et Saint-Yorre-Bassin de Vichy) dépassent la référence de qualité de la dose totale indicative (4) (DTI) de 0,1 mSv/an fixée par la réglementation nationale. Les DTI sont cependant toutes inférieures à 0,3 mSv/an, valeur en deçà de laquelle les actions correctrices ne sont pas demandées, relativise l'IRSN, qui précise également que ces eaux ne sont pas destinées aux nourrissons car elles sont gazeuses ou à teneur élevée en fluor.
D'autre part, deux eaux minérales (Chambon et Ogeu-Source du Roy) et une eau de source (Ondine plate) font à tort mention sur leur étiquetage du caractère approprié de l'eau pour l'alimentation du nourrisson alors qu'elles dépassent l'indicateur de l'activité alpha globale.
"Ces résultats, et notamment ceux en lien avec l'étiquetage nourrissons, obtenus à partir d'un seul prélèvement pour chaque échantillon d'eau, mériteront d'être confirmés, par des mesures complémentaires, sur une période de temps plus étendue, afin d'étudier l'influence de la fluctuation de la composition en minéraux de certaines ressources", conclut l'étude.