Saisi le 2 avril par la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne, le Haut conseil de la Santé publique (HCSP) a rendu, le 4 avril, son avis sur la désinfection des rues. « Devant l'absence d'argument scientifique de l'efficacité des stratégies de nettoyage spécifique et de désinfection de la voirie sur la prévention de la transmission du SARS-CoV-2 dans les pays asiatiques, le HCSP recommande de ne pas mettre en œuvre une politique de nettoyage spécifique ou de désinfection de la voirie. » Le Haut Conseil précise toutefois « de continuer d'assurer le nettoyage habituel des voiries et du mobilier urbain, avec les équipements de protection habituels des professionnels, et de ne surtout pas employer d'appareils pouvant souffler des poussières des sols de type souffleurs de feuilles ».
L'Homme, principal réservoir du virus
Si des études soulignent une persistance du SARS-CoV-2 sur différentes surfaces, « le réservoir principal du virus est l'Homme et non l'environnement, et les virus ne peuvent pas se reproduire et se multiplier dans l'environnement sans entrer au contact de cellules vivantes hôtes », rappelle l'avis du HCSP. « Ne pas porter sa main au visage et réaliser une hygiène des mains après chaque contact avec du mobilier urbain extérieur et intérieur sont des mesures efficaces contre le risque de contamination croisée manuportée des personnes », poursuit le Haut Conseil.
Depuis quelques semaines, plusieurs municipalités, comme celles de Suresnes et Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Nice et Menton (Alpes-Maritimes) ou Reims (Marne), avaient lancé une désinfection de leurs rues par des produits biocides. Le choix du produit et la quantité de produit à concentrer posent toutefois question. L'hypochlorite de sodium (eau de Javel) est le désinfectant le plus disponible, le moins coûteux et le plus facilement utilisable par les municipalités pour la désinfection en milieu ouvert. Le HCSP précise qu'«un risque environnemental existe », même s'il serait « faible, voire très faible », et qu'il est « difficile d'estimer les risques liés à la dispersion de sous-produits de la chloration ».
« Effet psychologique pour le public »
Si l'efficacité de la désinfection n'est pas reconnue, le HCSP précise en effet un certain nombre d'avantages indirects, reconnus par des études menées dans les pays asiatiques. La désinfection des rues constituerait « un outil de communication majeur montrant que les collectivités locales, les responsables politiques, voire les industriels, sont mobilisés pour protéger la population » et aurait un « effet psychologique pour le public ». Tout cela, à un coût faible.