Le 21 janvier, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a fait le point sur ses attentes concernant le remplacement des générateurs de vapeur du réacteur 3 de la centrale du Blayais (Gironde). Prévue dans le cadre de la troisième visite décennale du réacteur, cette opération doit pallier l'usure des faisceaux tubulaires des générateurs de vapeur actuellement en place. Mais l'ASN profite surtout de l'occasion pour pointer les manquements d'EDF et d'Areva.
Concernant EDF, l'exploitant du réacteur, l'Autorité rappelle qu'"il lui appartient de faire en sorte que les fabricants puissent exercer pleinement leurs responsabilités, et notamment réaliser l'analyse de risques requise par la réglementation avant d'entamer la conception et la fabrication". Ce faisant, l'ASN suggère que les problèmes rencontrés sont en partie liés à une mauvaise coordination entre EDF et son fournisseur Areva.
Ce dernier n'est pas en reste, puisque l'ASN souligne que depuis le renforcement, en décembre 2005, des règles de conception et de fabrication de ces équipements, "les justifications et démonstrations apportées par les fabricants d'équipements sous pression nucléaires sont encore régulièrement insatisfaisantes". Plus précisément, Areva et Mitsubishi Heavy Industries (tous deux fabricants de deux générateurs de vapeur depuis le changement de règles) n'ont pas pu apporter toutes les justifications et démonstrations de sûreté. L'application de dispositions transitoires a laissé une certaine latitude à l'ASN pour "apprécier s'ils pouvaient être montés puis mis en service malgré les écarts recensés". Cependant, près de dix ans après l'adoption des nouvelles règles, l'Autorité juge qu'il est temps que les deux fournisseurs soient "en conformité avec les exigences réglementaires".
Areva et EDF doivent justifier de la sûreté des pièces
S'agissant des nouveaux générateurs de vapeur du réacteur 3 de la centrale du Blayais, "après examen de la conception et de la fabrication des nouveaux générateurs de vapeur, l'ASN constate qu'Areva [le fournisseur des nouvelles pièces] n'a pas apporté toutes les justifications de sûreté requises en vue de leur montage puis à leur mise en service", indique le gendarme du nucléaire, précisant que Pierre-Franck Chevet, son président, "a par conséquent demandé le 24 novembre 2014 au président du directoire d'Areva et au président d'EDF d'apporter des justifications de sûreté complémentaires".
Les justifications attendues préalablement au montage des nouveaux générateurs de vapeur "concernent notamment les sollicitations mécaniques pour le dimensionnement des équipements, la réalisation d'essais complémentaires pour attester des propriétés mécaniques de certains matériaux, la représentativité des méthodes de calcul pour vérifier la tenue mécanique des équipements ou encore l'adéquation des méthodes de contrôles à la détection des défauts potentiels".
Par ailleurs, l'exploitant du réacteur, EDF, devra "définir et (…) mettre en œuvre les mesures d'exploitation compensatoires éventuellement nécessaires".