Du 11 au 14 juillet, l'île anglo-normande de Jersey accueillera une réunion de la Commission baleinière internationale. Une Commission sur laquelle pèsent, selon le Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw), de forts soupçons de corruption. L'ONG en appelle donc à davantage de transparence "afin de garantir l'efficacité et la crédibilité de cet organisme", alors que le gouvernement britannique a rédigé des propositions dans ce sens.
Pour l'association Robin des bois, cette réunion donne l'occasion de mettre l'accent sur la dégradation de la situation sanitaire des baleines, en lien avec le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima. En effet, le Nord-Ouest du Pacifique a été touché en première ligne par les retombées atmosphériques et les rejets liquides radioactifs. En avril dernier, les pêcheurs japonais avaient même dénoncé "l'impardonnable" rejet volontaire d'eau contaminée dans cet océan, rappelle l'association.
Pour les baleines, déjà très fragilisées avant Fukushima, ces rejets sont synonymes d'effets potentiels mutagènes, tératogènes (développement anormal de l'embryon) et cancérogènes. Elles sont en contact permanent avec cette radioactivité, et mangent du plancton, des proies ou des déchets contaminés. Elles transmettent également cette radioactivité aux baleineaux pendant l'allaitement.
Outre les rejets radioactifs, le volume de déchets produits par le tremblement de terre et le tsunami est estimé de 25 à 200 millions de tonnes selon le gouvernement japonais et des experts indépendants. Une partie de ces déchets ont été entraînés dans le ressac du tsunami et pourrait mettre en danger les baleines. Avant ce flux soudain, en 2001, l'agence indépendante du gouvernement américain US Marine mammal commission estimait déjà que 43% des mammifères marins étaient affectés par l'ingestion de déchets ou l'enchevêtrement dans des engins de pêche abandonnés, cordages, etc. Par ailleurs, ces déchets plastiques entraînent, selon Robin des bois, des suffocations, des occlusions intestinales, des pertes d'appétence et de mobilité, et des décès. Sans compter la libération, dans l'océan, de résidus de médicaments et de pesticides, de substances comme les phtalates ou les bisphénols, les PCB, les hydrocarbures et les métaux lourds.
Sont particulièrement menacés, selon l'association, les petits rorquals communs : deux jeunes individus capturés au large de l'île d'Hokkaido présentaient des taux de 30 becquerel par kilogramme (Bq/kg) de césium 137, contre 0,3 à 1,3 Bq/kg en mer du Nord, au large du Groenland et de la Norvège. Sont également touchés les baleines franches du Pacifique Nord, les baleines grises du Pacifique du Nord-Ouest (quelques dizaines d'individus), les baleines à bosse (moins de 400 individus), les baleines bleues, la population occidentale de rorqual commun, le rorqual de Bryde et les cachalots. Des populations déjà très diminuées, notamment à cause de la pêche, parfois effectuée par des engins échappant aux contrôles.