Le 23 juin, l'Autorité environnementale (Ae) a adopté son avis (1) sur le projet de démantèlement définitif du réacteur nucléaire de Brennilis (Finistère). Elle estime que le dossier déposé par EDF en juillet 2018 n'indique pas clairement la destination finale du site. Ce point est pourtant essentiel, rappelle l'Ae, puisqu'il détermine l'état final du site et dimensionne donc les travaux de déconstruction des bâtiments et de dépollution des sols.
Le démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis, exploitée de 1972 à 1985, a commencé en 1997. Pour l'instant, seul un démantèlement partiel a été engagé. En 2012, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait rendu un avis défavorable au dossier de démantèlement complet présenté par EDF car il n'existait pas de solution d'entreposage pour les déchets de faible et moyenne activité à vie longue (FMA-VL) issus du démantèlement. Depuis, la construction de l'Installation de conditionnement et d'entreposage des déchets activés (Iceda) a été achevée sur le site de la centrale du Bugey (Ain).
Un site à vocation industrielle ?
Depuis 2012, le combustible a été retiré, les circuits rincés, certains des bâtiments détruits et des sols pollués assainis. L'enjeu est maintenant de déconstruire le bloc réacteur (sur environ 15 ans) et d'assainir l'enceinte réacteur (sur environ 2 ans). Ces opérations doivent permettre le « retour à l'herbe », c'est-à-dire libérer les cinq hectares du site pour de nouvelles activités non nucléaires.
L'un des principaux reproches formulés par l'Ae concerne le devenir du site à l'issue du démantèlement. « Cet élément est déterminant car il conditionne le niveau d'assainissement des sols », explique l'Ae, rappelant que la réglementation impose de justifier le niveau d'assainissement retenu.
Selon l'Ae, la situation de l'installation, dans le parc naturel régional d'Armorique et à proximité de nombreux sites protégés ou inventoriés, ainsi que la qualité de la biodiversité et sa vocation touristique, justifient « une dépollution permettant à l'avenir une variété d'usages large ». En juillet 2019, l'ASN demandait déjà à EDF de « rendre l'état des sols compatible avec tout usage ».
Mais l'électricien est plus vague. Les usages futurs du site « ne sont pas clairement exposés », regrette l'Ae. Certaines parties du dossier les limitent à des usages industriels assortis du maintien de servitudes. En effet, EDF considère que « la zone d'implantation [du réacteur] est "une zone à vocation industrielle" ». Dans son avis, l'Ae souhaite donc qu'EDF envisage des travaux complémentaires et évalue leurs impacts.
Quel devenir pour le radier ?
L'Autorité constate aussi qu'EDF n'envisage de déconstruire les infrastructures que « sur un mètre de profondeur avant comblement ». Cette option ne permet donc pas un retour à l'état initial du site. Surtout, « aucune mesure de la pollution éventuelle sous le radier de l'enceinte réacteur n'est présentée », explique l'Ae qui précise que celui-ci est situé à une quinzaine de mètres de profondeur.
L'Autorité ajoute qu'EDF lui a assuré « que des mesures de pollution du sol situé sous le bâtiment réacteur seraient préalablement réalisées ». Elle aimerait surtout savoir quelles suites seront données à d'éventuelles découvertes de pollution…
Quant au comblement des galeries et parties souterraines des bâtiments déconstruits, il devrait être réalisé avec 66 000 gravats issus du démantèlement d'installations de surface. « L'Ae recommande de mieux justifier que leur composition ne sera pas susceptible de polluer la nappe. »